Avant d'être médicalement arrêtée de bosser pour "grossesse pathologique" (comprendre : avec plein plein plein de contractions), j'étais secrétaire médicale en cardiologie.
Mon poste était à mi-temps au cabinet médical et à mi-temps au sein d'une clinique de la ville.
Mon contrat était de 39h par semaine avec une demi-journée de libre (le mardi matin).
Mes horaires variaient de 9h à 9h30 le matin, une pause de 1h à 1h30 pour manger et je finissais tous les soirs à 19h sauf le lundi à 18h.
Dès que j'ai appris ma grossesse, je me suis dis que ça allait être compliqué de concilier vie de famille et vie professionnelle dans ces conditions.
Au fur et à mesure de ma grossesse, je me suis rendue compte que je ne voulais plus travailler là. Horaires trop étendus dans la journée, impossibilité de s'absenter, difficulté à prendre des vacances, ambiance tendue, travail stressant.
Lorsque La Muse a eu un mois, j'ai donc pris mon courage et mon téléphone à deux mains et j'ai appelé au cabinet médical pour demander un entretien avec le cardio qui gère les contrats pour parler de ma reprise.
On m'a donné rendez-vous avec un autre, environ quinze jours après mon appel.
C'était ce matin.
J'avais pour idée de demander une rupture de contrat conventionnelle, ce qui me permettait de pouvoir toucher les allocations chômage, contrairement à la démission. Ainsi que de ne pas avoir à effectuer de préavis.
Je pensais exposer au cardio qui me recevait les avantages pour toutes les parties :
- les miens : rester à la maison pour élever La Muse et pouvoir bénéficier des allocations chômage (plus intéressantes dans mon cas que le congé parental),
- les leurs : garder une salariée motivée (celle qui me remplace depuis mon arrêt maladie de juin) qui n'allait pas s'absenter à chaque rhume de sa fille,
- ceux de ma remplaçante : accéder à un CDI.
J'avais même en tête toutes les choses auxquelles j'étais prête à renoncer pour faire pencher la balance de mon côté (indemnité de fin de contrat, congés payés non pris...)
Tout cela n'aura servi à rien puisque, comme pour mon entretien d'embauche finalement, ce rendez-vous aura été le plus rapide de toute ma vie. Huit minutes en tout et pour tout.
"Bonjour, je viens vous voir pour vous demander une rupture de contrat.
- On s'en doutait un peu, avec les horaires, que ça allait être difficile avec un bébé. Et comme ici on ne peut pas modifier les horaires... Vous voulez une rupture conventionnelle ?
- C'est ça.
- Il faut quoi comme papiers ?
- Heu...
- Nan mais laissez tomber, je vais appeler la comptable, elle saura. C'est pour quand ?
- J'étais sensé reprendre le travail le 13 janvier.
- Ok donc on a un peu le temps de se retourner. D'accord, ben je demande à ce qu'on vous appelle quand les papiers sont fait."
Huit minutes alors que ça fait huit mois que je stresse.
Huit minutes qui me donnent le droit de rester à la maison pour m'occuper de La Muse.
Huit minutes qui m'ouvrent le droit aux allocations chômage.
Huit minutes qui m'ouvrent finalement la porte à tellement de choses ! (On en reparlera)
Je suis joie.